Qu’est-ce que la viscose : comprendre cette fibre textile et son impact écologique

Qu'est-ce que la viscose : comprendre cette fibre textile et son impact écologique

Qu'est-ce que la viscose : comprendre cette fibre textile et son impact écologique

Qu’est-ce que la viscose ?

La viscose – aussi appelée soie artificielle – est une fibre textile semi-synthétique qui oscille entre naturel et artificiel. La matière première utilisée provient en effet de ressources naturelles renouvelables, comme le bois ou le coton recyclé, mais elle subit un traitement chimique intensif pour être transformée en textile. Alors, amie ou ennemie de l’environnement ? C’est ce que nous allons voir ensemble.

Utilisée dans l’habillement, les textiles d’ameublement ou même les produits d’hygiène, la viscose a longtemps été présentée comme une alternative “écolo” aux fibres synthétiques issues du pétrole. Mais les apparences sont parfois trompeuses…

Une fibre produite à partir de cellulose naturelle

La viscose est fabriquée à partir de pulpe de bois riche en cellulose – on utilise souvent du hêtre, du pin, ou de l’eucalyptus. Cette pâte végétale est ensuite soumise à un long processus de transformation chimique, durant lequel elle est dissoute dans un bain de soude caustique, puis traitée avec du disulfure de carbone. Elle devient une solution visqueuse (d’où le nom “viscose”) qui est filée pour donner lieu à une fibre textile.

Sur le papier, cela semble être une solution durable : utiliser des ressources naturelles plutôt qu’un dérivé du pétrole comme le polyester. Mais ce n’est pas si simple que cela… Comme souvent dans le domaine du textile, tout dépend des pratiques de production.

Un processus de fabrication lourdement polluant

Le processus de fabrication de la viscose est loin d’être anodin pour la planète. Les produits chimiques utilisés – en particulier le disulfure de carbone – sont toxiques pour l’environnement comme pour les travailleurs. Dans certaines usines mal régulées, ils sont rejetés sans traitement préalable dans les airs ou les eaux, avec des conséquences graves.

Certaines études ont mis en évidence un lien entre l’exposition au disulfure de carbone et divers problèmes de santé : troubles nerveux, maladies rénales, ou encore infertilité. Des villages entiers situés autour de sites de production en Asie du Sud-Est ont vu leur environnement et leur santé se détériorer. Un textile “naturel”, vraiment ?

Et ce n’est pas tout : la transformation de la cellulose consomme beaucoup d’eau et d’énergie, ce qui augmente considérablement l’empreinte écologique de la viscose.

Viscose et déforestation : une menace silencieuse

La demande croissante de viscose stimule l’exploitation intensive des forêts. Pour produire cette fibre, des millions d’arbres sont abattus chaque année. Et malheureusement, il ne s’agit pas toujours de plantations gérées durablement. Certaines entreprises s’approvisionnent dans des forêts primaires, riches en biodiversité et essentielles au stockage du carbone.

Des ONG comme Canopy ont récemment tiré la sonnette d’alarme sur la déforestation liée à l’industrie textile. Selon leurs études, environ 30 % de la viscose disponible sur le marché proviendrait de forêts menacées. Un chiffre alarmant quand on pense à la perte de biodiversité qu’il représente.

Que penser des alternatives comme le lyocell ou le modal ?

Heureusement, toutes les fibres issues de cellulose ne présentent pas les mêmes impacts. Le lyocell – aussi appelé Tencel lorsqu’il est produit par la société Lenzing – est souvent cité comme une alternative plus écologique à la viscose classique. Son processus de fabrication utilise un solvant non toxique et recyclable à 99 %, avec beaucoup moins d’eau et une empreinte carbone réduite.

Autre variante : le modal, qui utilise la même base de bois que la viscose, mais se distingue par une transformation chimique moins agressive et des performances textiles plus intéressantes (douceur, résistance, absorption).

Mais soyons honnêtes : même ces alternatives demandent des ressources naturelles et ne sont pas exempts de pollution. La clé reste de consommer moins et mieux, ce qui nous amène à une question cruciale…

Comment reconnaître une viscose plus responsable ?

Pas facile de s’y retrouver dans les rayons du prêt-à-porter… Pourtant, certains critères peuvent nous aider à orienter nos choix :

  • Cherchez les labels : TENCEL™, FSC (Forest Stewardship Council), ou encore OEKO-TEX garantissent des pratiques plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine.
  • Privilégiez la transparence : si la marque indique précisément la provenance de sa viscose et son mode de fabrication, c’est bon signe. Le flou est souvent un indice de pratiques douteuses.
  • Faites attention au greenwashing : “matière d’origine naturelle” ne veut pas dire “écologique”. Tant qu’on ne parle pas de procédés de production, la formulation reste purement marketing.

Et si le doute persiste, mieux vaut se tourner vers des marques engagées qui ont fait de la transparence et de la durabilité leur priorité. Aujourd’hui, des enseignes comme Armedangels, People Tree ou Thinking MU proposent des vêtements en lyocell ou en viscose responsable, avec un vrai travail sur la chaîne d’approvisionnement.

La viscose dans notre quotidien : faut-il l’éviter ?

Faut-il faire une croix sur tous les vêtements en viscose ? Pas nécessairement. Cette fibre présente des qualités non négligeables : douce, respirante, fluide, elle est agréable à porter — surtout en été. Elle permet aussi d’éviter le polyester et ses microplastiques… à condition d’être certain·e de sa provenance responsable.

Mais le vrai souci, c’est la surconsommation. La fast fashion propose chaque semaine de nouvelles collections produites à la chaîne à partir de fibres comme la viscose, sans garantie sur leur origine ni leur impact. Dans ce contexte, même une matière “noble” peut devenir un désastre écologique.

Adopter une garde-robe raisonnée et privilégier la qualité sur la quantité, c’est aussi agir pour la planète. Et puis, qui a besoin de 12 robes “comfy” quand 3 bien choisies suffisent amplement ?

Une filière en mutation grâce à la pression citoyenne

Il serait injuste de jeter la pierre à la viscose sans nuance. Face à la mobilisation croissante des consommateurs et des ONG, certains fabricants de viscose ont revu leurs méthodes. Des entreprises comme Lenzing ou Aditya Birla se sont engagées dans des démarches plus durables : plantation certifiée, circuits fermés de traitement chimique, innovation dans les solvants utilisés, etc.

Le changement est donc possible — et il est déjà en marche. Mais pour cela, encore faut-il que la demande suive. En tant que consommateur·ice, notre pouvoir est immense : à travers nos achats, nous envoyons un message clair à l’industrie textile.

Alors, la prochaine fois que vous ferez du shopping, posez-vous ces quelques questions :

  • D’où vient cette viscose ?
  • Comment a-t-elle été produite ?
  • Existe-t-il une alternative moins impactante ?

Et surtout : en ai-je vraiment besoin ?

Changer notre rapport au textile, un geste écologique essentiel

À l’heure où le dérèglement climatique et la perte de biodiversité exigent des actions concrètes, réinterroger notre consommation de textile n’est plus une option. Derrière une petite robe légère ou un pantalon de bureau, se cache parfois une forêt rasée ou une rivière polluée.

La viscose n’est ni l’ennemie numéro un ni la solution miracle. C’est une matière avec un fort potentiel, si – et seulement si – elle est produite de manière responsable et raisonnée. Et ça, ça ne dépend pas que des industriels. Cela dépend aussi de nous. 🌱